Une page de WikiversitĂ©, la communautĂ© pĂ©dagogique libre. L'art et le rĂ©el[modifier modifier le wikicode] La dĂ©finition du beau que nous avons tentĂ© de donner nâest pas suffisante pour comprendre ce qu'est l'art. On peut se rendre compte que l'art a pour but d'exprimer quelque chose, mais quoi et comment ? Platon, dans La RĂ©publique Livre X, Ă©tudie le rapport entre art et rĂ©alitĂ©. Sa thĂšse consistera Ă dire alors que l'art n'exprime rien de vrai, ne signifie rien de profond l'art, en fait, ne produit que des illusions. Afin de le montrer, il va opposer l'imitation artistique et l'efficacitĂ© technique de l'artisanat. Que doit faire un menuisier qui veut fabriquer un lit ? Il doit par la pensĂ©e se rĂ©fĂ©rer Ă ce que Platon nomme lâidĂ©e de lit, c'est-Ă -dire considĂ©rer un schĂ©ma de fabrication. Or, il existe le mĂȘme rapport entre le cercle dessinĂ© et sa dĂ©finition qu'entre le lit fabriquĂ© et lâidĂ©e de lit. Dans les deux cas, il y a matĂ©rialisation imparfaite d'un idĂ©al. Le lit fabriquĂ© par l'artisan ne fait que ressembler au lit idĂ©al unique, lâidĂ©e du lit. Pour Platon, il existe trois degrĂ©s dans la production. Puisque les idĂ©es renvoient Ă l'essence mĂȘme des choses, leur nature, le monde sensible ne peut ĂȘtre que le reflet du monde des idĂ©es. Tous les cercles dessinĂ©s par exemple ne sont que les apparences sensibles d'une mĂȘme rĂ©alitĂ©, Ă savoir le cercle rĂ©el, le cercle qui est vraiment un cercle, lâidĂ©e du cercle. Par consĂ©quent, si les idĂ©es reprĂ©sentent la rĂ©alitĂ© elle-mĂȘme, seul Dieu peut les produire. L'artisan est celui qui matĂ©rialisera certaines de ces idĂ©es. Il ne produira pas le lit "qui est lui-mĂȘme ce qu'est le lit", mais seulement un objet singulier et sensible qui ressemble Ă ce qu'est le lit par nature. Enfin, nous trouvons l'artiste. Il ne se rĂ©fĂšre pas aux idĂ©es pour produire ses objets, Ă ce que sont vĂ©ritablement les choses. Alors que Dieu est l'artisan de l'ĂȘtre, le menuisier est l'artisan de quelque chose qui ressemble Ă l'ĂȘtre, l'artiste se contente de l'apparence. On ne peut pas par exemple dire que l'artiste produit un lit sur sa toile parce que ce lit n'a aucune rĂ©alitĂ©. Dieu et le menuisier sont des artisans, l'artiste n'est qu'un "imitateur". L'art est au troisiĂšme degrĂ©, le plus Ă©loignĂ© de la rĂ©alitĂ©, de l'ĂȘtre. Il imite non pas l'ĂȘtre mais reproduit les apparences des objets sensibles. Dans son texte du Gorgias, Platon distingue les diffĂ©rents arts qui ne produisent qu'une apparence trompeuse et les savoirs quâil considĂšre comme vĂ©ritables la mĂ©decine, la gymnastique... s'opposant Ă la cuisine, la rhĂ©torique... Ce quâil critique dans l'art, câest la tromperie, effectuĂ©e en donnant lâapparence du vrai. De mĂȘme que la rhĂ©torique imite lâapparence de la vĂ©ritĂ© en fabricant de beaux discours, de mĂȘme l'artiste imite lâapparence de la rĂ©alitĂ© en produisant ses Ćuvres. Platon donne une comparaison surprenante l'artiste est comparable Ă quelquâun qui promĂšne un miroir "en tous sens" ce quâil produit n'est qu'un reflet sans consistance, une apparence doublement Ă©loignĂ©e de l'ĂȘtre. C'est pourquoi il fait la critique d'une tendance relativiste d'un art grec qui dĂ©jĂ Ă l'Ă©poque tenait compte davantage du point de vue du spectateur que de la rĂ©alitĂ© elle-mĂȘme. Comme l'illustre le cĂ©lĂšbre exemple du concours de sculpture remportĂ© par Phidias, l'art est un jeu sur les apparences qui nous plonge dans l'illusion. Cependant, peut-on se contenter de dire que l'art n'est qu'une imitation des apparences ? N'est-il quâillusion ? N'est-il pas au contraire une maniĂšre d'approcher le rĂ©el ? L'art comme langage[modifier modifier le wikicode] Platon oublie peut-ĂȘtre que l'art, mĂȘme celui qui reproduit, qui imite au plus prĂšs la rĂ©alitĂ© par exemple, le rĂ©alisme des natures mortes, exprime quelque chose. L'Ćuvre de l'artiste nâest pas une simple copie mais reste une expression artistique d'un cĂŽtĂ©, l'artiste s'exprime Ă travers son Ćuvre, mais le spectateur attend aussi d'une Ćuvre qu'elle "s'exprime" Ă lui. L'illustration est lâexpression "cela me parle". Nous pouvons dire alors que l'art est un langage symbolique. ConsidĂ©rons un artiste et son Ćuvre, par exemple Van Gogh "Au lieu de rendre exactement ce que jâai devant les yeux, je me sers de la couleur le plus arbitrairement pour m'exprimer plus fortement... Je voudrais faire le portrait d'un ami artiste qui rĂȘve de grands rĂȘves, qui travaille comme le rossignol chante... Cet homme sera blond. Je voudrais mettre dans le tableau mon apprĂ©ciation, mon amour que jâai pour lui...DerriĂšre la tĂȘte, au lieu de peindre le mur banal du mesquin appartement, je peins l'infini, je fais un fond simple du bleu le plus riche, le plus intense que je puisse confectionner, et par cette simple combinaison la tĂȘte blonde Ă©clairĂ©e sur ce fond bleu riche, obtient un effet mystĂ©rieux comme l'Ă©toile dans l'azur profond." Ă ThĂ©o, aoĂ»t 1888 On peut donc dire que l'artiste s'exprime Ă travers un langage symbolique de couleurs, de sons, de mouvements... Dans le cafĂ© de nuit, le jeu des couleurs jaune sale, rouge brutal... tend Ă donner l'impression d'un univers souillĂ©, d'une dĂ©chirure morale; le jeu des formes personnages aplatis, rapetissĂ©s, semblables Ă des spectres, espace dĂ©formĂ© fait sentir, revivre l'irrĂ©alitĂ© de cet univers, l'impression d'ivresse et de vertige. "Dans mon tableau le cafĂ© de nuit, jâai cherchĂ© Ă exprimer que le cafĂ© est un endroit oĂč lâon peut se ruiner, devenir fou, commettre des crimes" Ă ThĂ©o, septembre 1888. Au delĂ de la copie et grĂące Ă l'art, l'artiste rĂ©vĂšle un monde, le rend plus dense, l'immortalise ce tableau est lâexpression artistique du monde prolĂ©taire de la fin du XIXe siĂšcle. Van Gogh a lu Zola. Et puisque lâon peut comparer une Ćuvre d'art Ă un texte la matĂ©rialitĂ© et les formes de l'Ćuvre sont comme le vocabulaire et la syntaxe d'un texte. ApprĂ©cier une Ćuvre, veut dire savoir lire, l'interprĂ©ter. Plus prĂ©cisĂ©ment l'art est vĂ©cu comme un langage Ă l'imagination, par le moyen des symboles. L'art peut donc ĂȘtre considĂ©rĂ© comme une grande mĂ©taphore. CicĂ©ron disait qu'un poĂšme est une peinture loquace et la peinture un poĂšme muet. Comme les mĂ©taphores des poĂšmes, l'art en gĂ©nĂ©ral stimule l'imagination et l'entendement. Il n'explique rien et ne parle pas explicitement, mais il suggĂšre des interprĂ©tations, Ă©voque des images il inspire et remplis l'ĂȘtre humain d'idĂ©es neuves, de sentiments nouveaux. On comprend alors pourquoi une Ćuvre trop rĂ©aliste ne procure aucune Ă©motion esthĂ©tique. Quand tout est apparent, clair, explicite, d'un rĂ©alisme extrĂȘme, lĂ oĂč il n'y a quâĂ regarder, quand tout est apparent, quand tout n'est qu'apparence, notre imagination nâest pas stimulĂ©e, tout n'est qu'affaire de sensation. Proust dans Ă la recherche du temps perdu que les habituĂ©s appellent simplement "La Recherche", explique et analyse dans le second tome Ă l'ombre des jeunes filles en fleurs la dĂ©ception quâil Ă©prouve devant la cathĂ©drale de Balbec. Il ne ressentait aucune Ă©motion artistique car il ne voyait devant lui qu'une cathĂ©drale, entre la poste et le bistro. Or, une cathĂ©drale est la reformulation symbolique de l'histoire racontĂ©e dans la Bible. Proust voyait donc un objet qui avait perdu sa fonction de signe, cette bĂątisse ne lui inspirait rien, ne signifiait rien pour lui. De mĂȘme que nous sommes limitĂ©s Ă ne considĂ©rer que la matĂ©rialitĂ© d'un mot lorsqu'on en ignore le sens, de mĂȘme Proust Ă©tait rĂ©duit Ă ne voir qu'une construction en pierre. Le signe Ă©tait lĂ , mais sans la prĂ©sence de la signification, le signe ne laissait transparaĂźtre aucun sens. Cette dĂ©ception de Proust correspond donc Ă un dĂ©senchantement, car l'art est essentiellement un pouvoir d'enchantement, d'envoĂ»tement, un pouvoir poĂ©tique. La magie dans l'art consiste Ă transformer des objets en symboles, de telle sorte que des couleurs, des sons, des formes... pourront Ă©voquer des sentiments, des images, des idĂ©es. Cela donne, en termes psychologiques, l'art est enchanteur car inspirateur d'interprĂ©tations. Ă travers des choses rĂ©elles et matĂ©rielles se trouve l'Ă©chappatoire Ă tout ce qui fait la matĂ©rialitĂ© du rĂ©el, la nĂ©cessitĂ©, la rĂ©pĂ©tition, la banalitĂ©. Aussi pouvons nous rapprocher de l'expĂ©rience esthĂ©tique de celle du rĂȘve. Quels rapports peuvent ĂȘtre Ă©tablis ? Principalement deux PremiĂšrement, ils peuvent ĂȘtre conçus tous les deux comme un langage au moyen de symboles car l'Ćuvre d'art, comme le rĂȘve, s'interprĂšte Freud a Ă©crit abondamment sur le sujet. DeuxiĂšmement, le propre du rĂȘve est dâĂȘtre vĂ©cu comme le rĂ©el la peur dans un cauchemar est rĂ©ellement vĂ©cue dans ce qui est imaginĂ© en rĂȘve. Il en va de mĂȘme pour l'art. Ce qui est imaginĂ© lors de l'observation d'une Ćuvre artistique, c'est-Ă -dire ce qui est interprĂ©tĂ©, est cru comme rĂ©ellement perçu dans l'Ćuvre. La souffrance dans un tableau de Goya, la puissance de la nature dans un autre tableau de Turner, la paix tranquille d'une campagne ou d'une chaude journĂ©e d'Ă©tĂ© dans la symphonie pastorale de Beethoven... Tous ces sentiments, ces perceptions ne sont pas rĂ©elles; elles sont comme dans nos rĂȘves le fruit de notre imagination. Dans les deux cas, ce qui est imaginĂ© est pris pour une perception. Il donc vrai de dire comme Platon que l'art provoque des illusions, mais dans le cas de l'art l'illusion nâest pas synonyme de tromperie. L'illusion de ce qui est vu est paradoxalement ce qui aurait dĂ» ĂȘtre vu. Ces artistes font percevoir dans une illusion toute la profondeur de la rĂ©alitĂ©. Conclusion[modifier modifier le wikicode] Pour finir cette partie, une dĂ©finition nouvelle de l'art peut-ĂȘtre extraite de tout ce que qui a Ă©tĂ© vu prĂ©cĂ©demment. L'art semble ĂȘtre l'activitĂ© humaine qui façonne la matiĂšre de telle sorte qu'elle pourra exprimer un sentiment, une idĂ©e, et mĂȘme, ajoute Bergson, un effort, une force. MĂȘme si cette dĂ©finition est illustrĂ©e avec l'exemple des grands peintres, il faut la vĂ©rifier dans d'autres domaines. Bergson parlait de la grĂące, la beautĂ© des gestes, et de l'art qui avait pour objet ce type de beautĂ©, celui de la danse. En observant un danseur expĂ©rimentĂ© et/ou douĂ©, apparaĂźt l'impression que le geste mĂȘme le plus complexe, mĂȘme le plus inattendu, devient naturel. Ce fait suppose une certaine facilitĂ©, voire une libertĂ© quant Ă l'usage du corps. Comme si le danseur Ă©chappait Ă tout ce qui le caractĂ©rise d'habitude sa matĂ©rialitĂ©, sa raideur, son inertie. Dans le sport, câest aussi la grĂące qui diffĂ©rencie le geste efficace du beau geste cela paraĂźt simple. Dans un spectacle de la grĂące, l'imagination participe Ă la vie d'un corps qui n'est possĂ©dĂ© que pendant les rĂȘves, un corps sans inertie, sans pesanteur, sans Ă©tendue... Le corps du danseur nâest pas un corps de rĂȘve mais un corps rĂȘvĂ©, car lâidĂ©e qu'une volontĂ© a pris le pas sur un corps, qui se fait peu Ă peu oublier, se fait sentir. L'esprit prend corps ou la matiĂšre s'anime. Ă ce moment, la danse devient expression, l'esprit dĂ©voile ce quâil contient Ă travers le corps. L'art est donc bien lâexpression du spirituel. Kant a montrĂ© les contradictions de la beautĂ©, et mĂȘme en tentant de la dĂ©finir autrement, une nature paradoxale de la beautĂ© est toujours prĂ©sente. L'art est l'activitĂ© qui se sert de la matiĂšre pour la dĂ©passer, qui façonne des objets sensibles pour nous dĂ©tacher des simples apparences sensibles. La beautĂ© est donc un sentiment rĂ©sultant du fait que lâon voit au travers de la matĂ©rialitĂ© de lâobjet d'art quelque chose d'ordre spirituel. Un visage humain aux traits parfaits, possĂ©dant un joli teint est sĂ»rement agrĂ©able Ă regarder, mais il n'est que cela s'il n'exprime rien. Le beau visage est celui qui reflĂšte l'Ăąme, transparaĂźtre une profondeur, une intĂ©rioritĂ©, bref, qui est de lâordre du spirituel. Comparable Ă un signe, il sera trouvĂ© beau lorsquâil tendra Ă se faire oublier, Ă faire oublier sa matĂ©rialitĂ©.
Lart sert-il Ă quelque chose? Obtenir ce document Voir sur l'admin Extrait du document. L'art est sublimation, c'est-Ă -dire esthĂ©tisation des pulsions. CrĂ©er permet de se dĂ©barrasser du refoulĂ©, de toutes les tendances inconscientes qui n'arrivent pas Ă s'exprimer et qui font souffrir. L'art emprunte sa force aux pulsions fondamentales pour les dĂ©river vers un but de substitutionDans la biodiversitĂ©, dans cette maison commune chĂšre au pape François, chaque organisme a une place et un rĂŽle. Du plus petit au plus gros des animaux, chacun a une utilitĂ© dans la chaĂźne alimentaire et dans lâĂ©volution de lâenvironnement. Reste un animal sans lequel le monde nâirait pas vraiment plus mal, se dit-on le de lâĂ©tĂ© en France, son bzzziiiiiii » nocturne annonce un trĂšs mauvais sommeil en perspective. Ailleurs dans le monde, la situation est franchement catastrophique. Plus de 400 000 personnes meurent du paludisme chaque annĂ©e, aprĂšs une piqĂ»re de moustique. Vecteurs de tout un tas de maladies, parfois mortelles, les moustiques ne semblent pas avoir dâautres raisons Ă leur existenceâŠUn maillon de la chaĂźne alimentairePourtant, le moustique sert un peu Ă quelque chose. Dans la chaĂźne alimentaire dĂ©jĂ les larves de moustiques sont mangĂ©es par les poissons et les batraciens, et les moustiques adultes le sont par les oiseaux, les chauves-souris, les lĂ©zards, etc. Ces animaux pourraient-ils survivre sans moustique ? La rĂ©ponse nâest pas Ă©vidente, mais tous les avis convergent pour dire que leur disparition ne serait pas sans consĂ©quence sur le nombre dâoiseaux et de chiroptĂšres. Les moustiques font partie dâun rĂ©seau trophique, câest-Ă -dire dâun ensemble dâanimaux en lien les avec les autres, explique Jacques Blondel, Ă©cologue et directeur de recherche Ă©mĂ©rite au CNRS. Ăradiquer les moustiques nâest pas sans consĂ©quence pour les oiseaux. » Le biologiste critique notamment les mesures de dĂ©moustication prises en Camargue par lâEID MĂ©diterranĂ©e Entente InterdĂ©partementale pour la dĂ©moustication du littoral mĂ©diterranĂ©en, qui aurait fait baisser les populations dâ de son cĂŽtĂ©, conteste ce rĂ©sultat et affirme que les oiseaux privilĂ©gient plutĂŽt des proies plus grosses que le moustique car Ă plus grande valeur Ă©nergĂ©tique, mĂȘme si ces sales petites bĂȘtes sont effectivement une source de nourriture abondante pour la faune. Notre objectif est uniquement de maintenir la nuisance Ă un seuil acceptable, et uniquement pour les communes qui nous demandent dâintervenir, pas dâexterminer tous les moustiques », rĂ©plique un entomologiste de lâopĂ©rateur. Pas question, donc, de supprimer totalement un maillon de la chaĂźne moustique, un pollinisateurAutre rĂŽle nettement moins connu du moustique la pollinisation. Seule la femelle moustique se gave de sang et uniquement pour le dĂ©veloppement des Ćufs, les moustiques se nourrissent normalement de nectar », dĂ©taille Claudio Lazzari, de lâInstitut de recherche sur la biologie de lâinsecte IRBI de lâuniversitĂ© de voilĂ , les moustiques pollinisent peu par rapport aux abeilles et autres bourdons, et surtout des plantes qui ne sont pas utiles Ă lâhomme, diagnostiquait lâentomologiste amĂ©ricaine Janet McAllister dans une Ă©tude publiĂ©e en 2010 dans Nature. Les moustiques pollinisent effectivement plutĂŽt des fleurs, des plantes non consommables », reconnaĂźt Claudio juste les moustiques nuisibles pour lâhommeLâinsecte suceur de sang a donc bien quelques utilitĂ©s, mĂȘme si rien nâaffirme quâelles ne pourraient pas ĂȘtre remplies par dâautres insectes, comme les mites pour la chaĂźne alimentaire ou les bourdons pour la compter que sur les 3 500 espĂšces de moustiques qui existent, seules 200 piquent lâhomme. Alors pourquoi ne pas supprimer celles-ci ? Nous nâavons pas dâinsecticide sĂ©lectif pour une seule espĂšce de moustiques », souligne Jacques Blondel. Il est impossible dâĂ©liminer uniquement certaines espĂšces sans dĂ©truire lâenvironnement, appuie Claudio Lazzari. Et puis au fond, toutes les espĂšces sont importantes, mĂȘme celles qui ne nous sont pas directement utiles. » Ă mĂ©diter lors de la prochaine nuit dâinsomnie et de piqĂ»res⊠Lart est un dĂ©sir spirituel, il ne sert donc pas a grand-chose. Il est quelque chose dâinutile dont les hommes peuvent ce passer, car il nâest pas un besoin vital. La premiĂšre fonction de lâart est Ă©videmment de produire de la beautĂ©. Il est donc dĂ©sintĂ©ressĂ© et se justifie pas sa seule beautĂ© il ne sert donc Ă rien dâautre
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L'art ne vise t-il que le beau ? "Tout art est parfaitement inutile" Oscar Wilde, in PrĂ©face au Portrait de Dorian Gray Introduction Le but de ce cours est de rĂ©pondre aux questions suivantes 1. En quoi l'art se distingue t-il de la technique ? 2. L'art est-il utile ? 3. Le jugement de goĂ»t est-il subjectif ? -> problĂšme de l'objectivitĂ© du beau 4. L'art doit-il viser le beau ? -> question de la finalitĂ© de l'art I. Qu'est-ce que l'art ? Le problĂšme d'une dĂ©finition de l'Ćuvre d'art est d'abord celui d'une dĂ©finition de l'art lui-mĂȘme. AntĂ©rieurement au dĂ©veloppement de la civilisation industrielle, le terme "art" a, en effet, un sens beaucoup plus large que celui auquel nous le restreignons aujourd'hui. La cause en est l'indiffĂ©renciation primitive du travail humain, la distinction sans Ă©quivoque des diverses formes de l'activitĂ© humaine n'Ă©tant permise que par la sociĂ©tĂ© moderne, oĂč la division du travail humain a atteint un degrĂ© de prĂ©cision suffisant. Dans la recherche d'une dĂ©finition de l'art, c'est donc le rapport art/technique qu'il faut donc prĂ©alablement interroger. A. Dans la civilisation artisanale Dans la civilisation artisanale, l'art dĂ©signe l'activitĂ© productrice en gĂ©nĂ©ral. -> l'artisan et l'artiste ne peuvent ĂȘtre facilement distinguĂ©s La production artisanale s'est en effet Ă peine engagĂ©e dans la division technique du travail. L'artisan produit donc le plus souvent de façon individuelle, en effectuant par lui-mĂȘme la totalitĂ© des opĂ©rations qui conduisent de la matiĂšre premiĂšre Ă l'objet achevĂ©. Le rĂ©sultat de son travail n'est donc pas seulement ce qu'on nomme, dans l'industrie, un "produit" mais aussi une Ćuvre. Produit = objet purement utilitaire ou consommable, achetĂ© et vendu dans le circuit des Ă©changes commerciaux. Ćuvre = expression d'une individualitĂ© qui a mis dans l'objet la marque de son habiletĂ© et de son talent personnels. Le produit industriel est le rĂ©sultat d'une immense activitĂ© collective, oĂč la division technique du travail ne laisse Ă chaque opĂ©rateur q'une part infime et anonyme, Ă la diffĂ©rence de l'Ćuvre artisanale. Question que signifie pourtant l'idĂ©e que l'artisanat permet Ă l'artisan de s'exprimer dans une Ćuvre, alors que nous ignorons jusqu'Ă l'identitĂ© des auteurs de tant de chefs-d'Ćuvre de l'art antique et mĂ©diĂ©val ? On souligne souvent que l'artisanat hausse l'artisan Ă la dignitĂ© de l'artiste, mais il est tout aussi vrai de dire qu'il rabaisse l'artiste Ă la condition anonyme et mĂ©prisĂ©e qui est celle de l'artisan. En effet, dans la civilisation artisanale, l'artiste doit servir la religion ou le prince. Qu'il bĂątisse et orne le lieu de culte ou qu'il soit le dĂ©corateur d'une existence privilĂ©giĂ©e, l'art n'est qu'un moyen en vue d'une fin Ă laquelle il se subordonne. L'Ćuvre d'art n'a donc pas pour fonction premiĂšre d'exprimer la personnalitĂ© de son crĂ©ateur elle tire son sens d'une intention extĂ©rieure au domaine mĂȘme de l'art. Ainsi, dans la civilisation artisanale, la fonction mĂȘme de l'art est Ă©trangĂšre Ă sa finalitĂ© purement esthĂ©tique et n'est qu'utilitaire, l'utile n'Ă©tant que ce qui est bon Ă quelque chose et ne sert donc que comme moyen. C'est sans doute pour cette raison que l'artiste et ne peut Ă©chapper au mĂ©pris qui depuis les Grecs enveloppe les arts "serviles" cf. Platon. On peut donc dire en gĂ©nĂ©ral, que l'insuffisance de la dĂ©finition de l'art dans la civilisation artisanale n'a pas permis, avant la pĂ©riode moderne, le vĂ©ritable dĂ©veloppement d'une EsthĂ©tique comme thĂ©orie des Beaux-Arts. B. Dans la civilisation industrielle La pĂ©riode industrielle introduit une prĂ©cision nouvelle dans la distinction des formes de production, en dĂ©passant l'artisanat par la technique. Dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XVIIIe siĂšcle europĂ©en, le terme de technique s'ajoute en effet Ă celui d'art. Ătymologiquement les deux termes ont le mĂȘme sens ils dĂ©signent l'activitĂ© artisanale, l'un en grec et l'autre en latin. Mais l'usage du terme nouveau technique n'en dĂ©signe pas moins l'apparition d'une rĂ©alitĂ© nouvelle. Chez Aristote art = "une certaine disposition, accompagnĂ©e de rĂšgle vraie, capable de produire " ? l'art est productif -> science = "une disposition capable de dĂ©montrer " ? la science est purement thĂ©orique et contemplative Cette dĂ©finition relĂšve de la civilisation artisanale, oĂč la production humaine est encore prĂ©scientifique, et oĂč la science n'a pas encore de consĂ©quences pratiques. Chez Kant les rĂšgles de la pratique technique ne sont que de simples corollaires de la philosophie thĂ©orique . Elles ont en effet pour fonction "de produire un effet, qui est possible d'aprĂšs un concept naturel de la cause Ă l'effet ". La technique est ainsi dĂ©finie comme une science appliquĂ©e, oĂč l'efficacitĂ© de l'action humaine est le rĂ©sultat de la connaissance de la nature d'aprĂšs le principe du dĂ©terminisme. -> texte de Kant, Critique de la FacultĂ© de juger, 1790, § 43, trad. A. Philonenko, Vrin, 1993, p. 198-199. "L'art est distinguĂ© de la nature, comme le faire l'est de l'agir ou causer en gĂ©nĂ©ral et le produit ou la consĂ©quence de l'art se distingue en tant qu'Ćuvre du produit de la nature en tant qu'effet. En droit on ne devrait appeler art que la production par libertĂ©, c'est-Ă -dire par un libre-arbitre, qui met la raison au fondement de ses actions. On se plaĂźt Ă nommer une Ćuvre d'art le produit des abeilles les gĂąteaux de cire rĂ©guliĂšrement construits, mais ce n'est qu'en raison d'une analogie avec l'art; en effet, dĂšs que l'on songe que les abeilles ne fondent leur travail sur aucune rĂ©flexion proprement rationnelle, on dĂ©clare aussitĂŽt qu'il s'agit d'un produit de leur nature de l'instinct, et c'est seulement Ă leur crĂ©ateur qu'on l'attribue en tant qu'art. Lorsqu'en fouillant un marĂ©cage on dĂ©couvre, comme il est arrivĂ© parfois, un morceau de bois taillĂ©, on ne dit pas que c'est un produit de la nature, mais de l'art; la cause productrice de celui-ci a pensĂ© Ă une fin, Ă laquelle l'objet doit sa forme. On discerne d'ailleurs un art en toute chose, qui est ainsi constituĂ©e, qu'une reprĂ©sentation de ce qu'elle est a dĂ» dans sa cause prĂ©cĂ©der sa rĂ©alitĂ© mĂȘme chez les abeilles, sans que toutefois cette cause ait pu prĂ©cisĂ©ment penser l'effet ; mais quand on nomme simplement une chose une Ćuvre d'art, pour la distinguer d'un effet naturel, on entend toujours par lĂ une Ćuvre de l'homme." Kant, Critique de la FacultĂ© de juger, 1790, § 43, trad. A. Philonenko, Vrin, 1993, p. 198-199. La technique s'oppose donc Ă l'art Ă partir du principe mĂȘme de la production "Newton pouvait exposer en pleine lumiĂšre, non pas seulement pour lui-mĂȘme mais pour tout autre, la totalitĂ© des dĂ©marches qu'il avait dĂ» faire depuis les premiers Ă©lĂ©ments de la gĂ©omĂ©trie jusqu'Ă ses dĂ©couvertes les plus grandioses et les plus profondes, et en permettre ainsi l'imitation. Mais aucun HomĂšre, aucun Wieland ne peut montrer comment se dĂ©couvrent et s'assemblent dans sa tĂȘte ses idĂ©es riches de fantaisie te pourtant en mĂȘme temps pleines de pensĂ©es, car il n'en sait rien lui-mĂȘme, et ne peut donc l'enseigner Ă d'autres ". La diffĂ©rence entre la technique et l'art est d'abord la diffĂ©rence entre une production consciente de ses rĂšgles et de ses moyens et une production inconsciente. C'est aussi la diffĂ©rence entre une production fondĂ©e sur la mĂ©thode et une production fondĂ©e sur le libre dĂ©veloppement de la fantaisie crĂ©atrice. -> la technique est susceptible d'un progrĂšs collectif, alors que l'art est le domaine de la rĂ©ussite individuelle. Dans l'art, l'idĂ©e de progrĂšs n'a aucun sens. LĂ oĂč la physique de Newton est dĂ©passĂ©e par celle de la relativitĂ©, aucune rĂ©ussite esthĂ©tique ne peut ĂȘtre abolie ou surpassĂ©e par d'autres. -> l'art est limitĂ©, car immobile et individuel, lĂ oĂč les sciences et les techniques sont des entreprises collectives oĂč les rĂ©sultats s'accumulent en se multipliant les uns les autres. La limitation de l'art est liĂ©e au caractĂšre artisanal de son mode de production. Mais il s'en distingue cependant, dans la pĂ©riode moderne, si l'on considĂšre la fin de la production "L'art se distingue de l'artisanat. Le premier est dit libĂ©ral, le second peut aussi s'appeler art mercenaire. On considĂšre le premier comme s'il ne pouvait avoir une issue conforme Ă sa fin rĂ©ussir, que comme jeu, c'est-Ă -dire comme une occupation agrĂ©able par elle-mĂȘme, et le second seulement comme travail, c'est-Ă -dire comme une occupation en elle-mĂȘme dĂ©sagrĂ©able pĂ©nible qui ne peut avoir d'attrait que par ses effets par exemple le gain ". Par opposition au travail artisanal, qui est dĂ©fini comme "mercenaire", parce qu'il n'est fait que pour l'appĂąt du gain, l'art apparaĂźt "agrĂ©able par lui-mĂȘme". Il relĂšve ainsi des activitĂ©s de jeu, et pour le dĂ©finir en tant qu'activitĂ© gratuite, Kant reprend l'expression d' "art libĂ©ral", qui sert dĂ©jĂ chez Diderot Ă distinguer les "Beaux-Arts" des arts mĂ©caniques ou industriels. Cf. article "Art" de l'EncyclopĂ©die, 1751. -> notre civilisation voit donc se dĂ©velopper cĂŽte Ă cĂŽte l'art de l'artisan et l'art de l'artiste, les arts mĂ©caniques ou industriels et les arts libĂ©raux ou arts tout court. C. L'art pur Ainsi, l'apparition de la forme moderne de la production permet-elle de donner Ă l'art un sens pour la premiĂšre fois spĂ©cifique. D'une part, par opposition Ă la technique, l'art reste, comme l'artisanat, une forme de production prĂ©scientifique, dont les procĂ©dĂ©s ne peuvent ĂȘtre rigoureusement conçus et dĂ©finis. D'autre part, par opposition Ă la recherche du gain, l'art reste la crĂ©ation d'une Ćuvre qui trouve sa fin en elle-mĂȘme. Ce deuxiĂšme aspect de la dĂ©finition kantienne de l'art contient Ă©videmment le fondement des thĂ©ories de "l'art pour l'art", c'est-Ă -dire des thĂ©ories oĂč l'art est Ă lui-mĂȘme sa propre fin. La sociĂ©tĂ© industrielle est donc la premiĂšre oĂč l'art soit apparu sous sa forme pure, c'est Ă©galement la premiĂšre oĂč il ait fait l'objet d'une prise de conscience sous la forme d'une esthĂ©tique dĂ©veloppĂ©e. Toutefois, en prenant conscience de lui-mĂȘme dans son indĂ©pendance et sa puretĂ©, l'art ne peut que se reconnaĂźtre Ă©tranger Ă cette sociĂ©tĂ©, autant par l'anachronisme de son mode de production que par son indiffĂ©rence de principe au profit. L'artiste ne veut plus servir d'autres intĂ©rĂȘts. Il dĂ©couvre alors qu'il peut se rendre indĂ©pendant de la sociĂ©tĂ© comme de la religion, puisqu'au terme de sa solitude et de son isolement il garde intacte la facultĂ© de produire une Ćuvre, et se rend ainsi Ă©gal Ă Dieu mĂȘme dans son pouvoir le plus caractĂ©ristique celui de crĂ©er. Car comme dit Van Gogh "Je puis bien, dans la vie et dans la peinture, me passer du Bon Dieu. Mais je ne puis pas, moi souffrant, me passer de quelque chose qui est plus grand que moi, qui st ma vie la puissance de crĂ©er ". Ce pouvoir de crĂ©er, on le nomme du terme qui servait Ă dĂ©signer la part divine de l'homme le GĂ©nie. II. La thĂ©orie de l'art pur La tĂąche d'une thĂ©orie de l'art pur est donc autant de rendre compte des modalitĂ©s de la production artistique comme crĂ©ation gĂ©niale, que de chercher Ă en dĂ©finir le rĂ©sultat comme beautĂ© pure. Tel est le double effort accompli par Kant dans la Critique de la FacultĂ© de Juger Ă partir de la dĂ©limitation prĂ©cise de l'art et du beau dans leur spĂ©cificitĂ©. A. La crĂ©ation artistique 1. La vision psychanalytique "Malheureusement, c'est sur la beautĂ© que la psychanalyse a le moins Ă dire " Freud La psychanalyse possĂšde pourtant sa thĂ©orie de la crĂ©ation artistique. La crĂ©ation artistique y est considĂ©rĂ©e comme un substitut Ă la satisfaction instinctive. La vie fantasmatique donne ainsi une voix au refoulĂ©, lui proposant par l'Ćuvre et la sublimation un autre destin. -> texte de Freud, Ma vie et la psychanalyse, 1925, Ă©d. Gallimard, "IdĂ©es", p. 80-81. "Dans son grand ouvrage sur le ThĂšme de l'inceste, il [Otto Rank] put montrer combien souvent les poĂštes choisissent justement pour thĂšme la situation oedipienne, et suivre Ă travers la littĂ©rature universelle les transformations, variations et attĂ©nuations de ce mĂȘme thĂšme. On Ă©tait ainsi conduit Ă analyser la production littĂ©raire et artistique en gĂ©nĂ©ral. On reconnut que le royaume de l'imagination Ă©tait une "rĂ©serve", organisĂ©e lors du passage douloureusement ressenti du principe de plaisir au principe de rĂ©alitĂ©, afin de permettre un substitut Ă la satisfaction instinctive Ă laquelle il fallait renoncer dans la vie rĂ©elle. L'artiste, comme le nĂ©vropathe, s'Ă©tait retirĂ© loin de la rĂ©alitĂ© insatisfaisante dans ce monde imaginaire, mais Ă l'inverse du nĂ©vropathe il s'entendait Ă trouver le chemin du retour et Ă reprendre pied dans la rĂ©alitĂ©. Ses crĂ©ations, les oeuvres d'art, Ă©taient les satisfactions imaginaires de dĂ©sirs inconscients, tout comme les rĂȘves, avec lesquels elles avaient d'ailleurs en commun le caractĂšre d'ĂȘtre un compromis, car elles aussi devaient Ă©viter le conflit Ă dĂ©couvert avec les puissances de refoulement. Mais Ă l'inverse des productions asociales narcissiques du rĂȘve, elles pouvaient compter sur la sympathie des autres hommes, Ă©tant capables d'Ă©veiller et de satisfaire chez eux les mĂȘmes inconscientes aspirations du dĂ©sir. De plus elles se servaient, comme "prime de sĂ©duction", du plaisir attachĂ© Ă la perception de la beautĂ© de la forme. Ce que la psychanalyse pouvait faire, c'Ă©tait - d'aprĂšs les rapports rĂ©ciproques des impressions vitales, des vicissitudes fortuites et des oeuvres de l'artiste - reconstruire sa constitution et les aspirations instinctives en lui agissantes, c'est-Ă -dire ce qu'il prĂ©sentait d'Ă©ternellement humain. C'est dans une telle intention que je pris par exemple LĂ©onard de Vinci pour objet d'une Ă©tude, Ă©tude qui repose sur un seul souvenir d'enfance dont il nous fit part, et qui tend principalement Ă Ă©lucider son tableau de la Sainte Anne. Mes amis et Ă©lĂšves ont depuis entrepris de nombreuses analyses semblables d'artistes et de leurs oeuvres. La jouissance que l'on tire des oeuvres d'art n'a pas Ă©tĂ© gĂątĂ©e par la comprĂ©hension analytique ainsi obtenue. Mais nous devons avouer aux profanes, qui attendent ici peut-ĂȘtre trop de l'analyse, qu'elle ne projette aucune lumiĂšre sur deux problĂšmes, ceux sans doute qui les intĂ©ressent le plus. L'analyse ne peut en effet rien nous dire de relatif Ă l'Ă©lucidation du don artistique, et la rĂ©vĂ©lation des moyens dont se sert l'artiste pour travailler, le dĂ©voilement de la technique artistique, n'est pas non plus de son ressort". Freud, Ma vie et la psychanalyse, 1925, Ă©d. Gallimard, "IdĂ©es", p. 80-81. Plus encore, selon Freud, l'Ćuvre d'art a un sens, elle doit ĂȘtre interprĂ©tĂ©e. Il faut l'interroger Ă partir de son contenu, de sa forme qui est l'expression des intentions de l'artiste. Cela permettra de "trouver" l'artiste Ă partir de son Ćuvre et non le contraire et de comprendre l'Ă©motion esthĂ©tique. Il s'agit lĂ de la mĂ©thode applicable Ă toute production humaine la lecture du cachĂ© Ă partir du "dit". Freud en donne maints exemples. Dans l'analyse attentive qu'il fait du MoĂŻse de Michel-Ange, il descend de la forme, minutieusement interrogĂ©e, aux profondeurs d'oĂč elle procĂšde. Mais lĂ pas plus qu'ailleurs l'analyse ne donne une rĂ©ponse complĂšte. Freud, Ă la fin de l'Ă©tude, se demande si Michel-Ange "L'artiste, dans les Ćuvres duquel un si grand fonds d'idĂ©es lutte pour trouver son expression" qui a "maintes fois Ă©tĂ© dans ses crĂ©ations jusqu'Ă la limite extrĂȘme de ce que l'art peut exprimer ", n'a peut-ĂȘtre pas, cependant, rĂ©ussi Ă s'exprimer pleinement. L'artiste partagerait alors avec le critique la "responsabilitĂ© de l'incertitude". LĂ , comme ailleurs, les profondeurs seraient irrĂ©ductibles Ă une "analyse finie". La psychanalyse peut interprĂ©ter l'Ćuvre comme expression d'une individualitĂ©. Elle peut repĂ©rer ses sources et ses facteurs. Elle peut dĂ©crire les processus psychologiques de la crĂ©ation qui sont des processus gĂ©nĂ©raux du psychisme dans touts ses manifestations normales ou pathologiques rĂŽle de la libido, des fantasmes et des souvenirs, du refoulement, elle peut monter l'essence de la sublimation. Mais elle s'arrĂȘte lĂ . DĂ©crire, interprĂ©ter, montrer n'est pas donner la raison derniĂšre. 2. La thĂ©orie kantienne Ă la diffĂ©rence de la production technique, la production dans l'art n'est pas le simple corollaire d'un savoir. Tout ce qui relĂšve de l'art que ce soit celui de l'artiste ou de l'artisan n'a pas Ă©tĂ© dĂ©composĂ© par l'intelligence, et exige une habiletĂ© qui ne peut ĂȘtre rĂ©duite en formules ni ramenĂ©e Ă un savoir. Non seulement la façon de rĂ©ussir le produit n'y peut ĂȘtre dĂ©montrĂ©e scientifiquement, mais mĂȘme elle ne peut ĂȘtre dĂ©crite. Ce secret de la production, dans l'artisanat, n'est qu'un "tour de main". Dans l'art, on le nomme "maniĂšre". La maniĂšre Ă©tant la façon propre Ă l'artiste d'agencer les moyens dont il dispose pour parvenir au rĂ©sultat, on peut la comparer Ă la mĂ©thode dans les sciences. Il doit en effet y avoir dans l'Ćuvre d'art comme dans tout produit, rĂšgles de production et union de ces rĂšgles pour obtenir le rĂ©sultat. Mais Ă la diffĂ©rence de la mĂ©thode, cet accord des rĂšgles en vue du rĂ©sultat ne peut ĂȘtre dĂ©fini par principes ; l'Ćuvre d'art se situant au niveau du sensible et de la sensibilitĂ©, l'artiste ne peut concevoir par principes l'agencement des moyens, mais seulement le sentir - et le donner Ă sentir en prĂ©sentant l'Ćuvre. - Qu'est-ce alors que le gĂ©nie ? -> texte de Kant, Critique de la facultĂ© de juger, 1790, § 46, tr. fr. Alexis Philonenko, Vrin, 1965, p. 138-139. "Le gĂ©nie est le talent don naturel, qui donne les rĂšgles Ă l'art. Puisque le talent, comme facultĂ© innĂ©e de l'artiste, appartient lui-mĂȘme Ă la nature, on pourrait s'exprimer ainsi le gĂ©nie est la disposition innĂ©e de l'esprit ingenium par laquelle la nature donne les rĂšgles Ă l'art. Quoiqu'il en soit de cette dĂ©finition, qu'elle soit simplement arbitraire, ou qu'elle soit ou non conforme au concept que l'on a coutume de lier au mot gĂ©nie [âŠ], on peut toutefois dĂ©jĂ prouver que, suivant la signification en laquelle ce mot est pris ici, les beaux-arts doivent nĂ©cessairement ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des arts du gĂ©nie. Tout art en effet suppose des rĂšgles sur le fondement desquelles un produit est tout d'abord reprĂ©sentĂ© comme possible, si on doit l'appeler un produit artistique. Le concept des beaux-arts ne permet pas que le jugement sur la beautĂ© de son produit soit dĂ©rivĂ© d'une rĂšgle quelconque, qui possĂšde comme principe de dĂ©termination un concept, et par consĂ©quent il ne permet pas que l'on pose au fondement un concept de la maniĂšre dont le produit est possible. Aussi bien les beaux-arts ne peuvent pas eux-mĂȘmes concevoir la rĂšgle d'aprĂšs laquelle ils doivent rĂ©aliser leur produit. Or, puisque sans une rĂšgle qui le prĂ©cĂšde le produit ne peut jamais ĂȘtre dit un produit de l'art, il faut que la nature donne la rĂšgle Ă l'art dans le sujet et cela par la concorde des facultĂ©s de celui-ci ; en d'autres termes, les beaux-arts ne sont possibles que comme produits du gĂ©nie. On voit par lĂ que le gĂ©nie 1° est un talent, qui consiste Ă produire, dont on ne saurait donner aucune rĂšgle dĂ©terminĂ©e ; il ne s'agit pas d'une aptitude Ă ce qui peut ĂȘtre appris d'aprĂšs une rĂšgle quelconque ; il s'ensuit que l'originalitĂ© doit ĂȘtre sa premiĂšre propriĂ©tĂ© ; 2° que l'absurde aussi pouvant ĂȘtre original, ses produits doivent en mĂȘme temps ĂȘtre des modĂšles, c'est-Ă -dire exemplaires et par consĂ©quent, que sans avoir Ă©tĂ© eux-mĂȘmes engendrĂ©s par l'imitation, ils doivent toutefois servir aux autres de mesure ou de rĂšgle de jugement ; 3° qu'il ne peut dĂ©crire lui-mĂȘme ou exposer scientifiquement comment il rĂ©alise ce produit, et qu'au contraire c'est en tant que nature qu'il donne la rĂšgle ; c'est pourquoi le crĂ©ateur d'un produit qu'il doit au gĂ©nie, ne sait pas lui-mĂȘme comment se trouvent en lui les idĂ©es qui s'y rapportent et il n'est en son pouvoir ni de concevoir Ă volontĂ© ou suivant un plan de telles idĂ©es, ni de les communiquer aux autres dans des prĂ©ceptes, qui les mettraient Ă mĂȘme de rĂ©aliser des produits semblables. C'est pourquoi aussi le mot gĂ©nie est vraisemblablement dĂ©rivĂ© de genius, l'esprit particulier donnĂ© Ă un homme Ă sa naissance pour le protĂ©ger et le diriger, et qui est la source de l'inspiration dont procĂšdent ces idĂ©es originales ; 4° que la nature Ă travers le gĂ©nie ne prescrit pas de rĂšgle Ă la science, mais Ă l'art ; et que cela n'est le cas que s'il s'agit des beaux-arts". Kant, Critique de la facultĂ© de juger, 1790, § 46, tr. fr. Alexis Philonenko, Vrin, 1965, p. 138-139. La crĂ©ation artistique ne peut ĂȘtre apprise conformĂ©ment Ă quelque rĂšgle que ce soit. Le gĂ©nie est donc "le talent de produire ce pour quoi ne se peut donner aucune rĂšgle ". Comme pourtant toute production exige des rĂšgles, mais que celles-ci ne prĂ©existent pas Ă l'Ćuvre, le gĂ©nie peut ĂȘtre dĂ©fini plus exactement encore comme le talent de donner des rĂšgles Ă l'art. Il n'obĂ©it donc qu'aux rĂšgles qu'il se donne lui-mĂȘme, et c'est pourquoi il apparaĂźt si complĂštement libre de toute contrainte de rĂšgles arbitraires. Le gĂ©nie donne l'impression de la facilitĂ©, et non celle du travail. Il produit comme la nature elle-mĂȘme, avec une heureuse spontanĂ©itĂ©, et sans rien dans son effort qui paraisse pĂ©nible ni contraint. -> "Le gĂ©nie est une disposition innĂ©e par laquelle la nature donne ses rĂšgles Ă l'art " Cependant, l'art n'est pas la nature, et on doit prendre conscience devant une Ćuvre d'art qu'il s'agit d'art et non de quelque chose de naturel. Les productions de l'art sont intentionnelles Ă la diffĂ©rence des productions naturelles, mais elles ne doivent pas le paraĂźtre. Attention ll ne faudrait pas croire que la crĂ©ation artistique puisse se rĂ©duire au seul mystĂšre du gĂ©nie. Certes, les Beaux-Arts sont dĂ©finis par Kant par la libertĂ© de la production, mais ils n'en demeurent pas moins soumis Ă la contrainte des procĂ©dĂ©s et des rĂšgles. Aussi la production de l'Ćuvre d'art est-elle le rĂ©sultat de l'union entre la libre inspiration et un travail dĂ©fini par les servitudes de l'action technique. Le gĂ©nie est une longue patience plus qu'une rĂ©ussite immĂ©diate, et l'art est avant tout un travail. C'est par le travail que l'artiste se rend vraiment libre, car seul le travail maĂźtrise l'inspiration et l'instinct. Ce n'est donc pas un hasard si les plus grands artistes ont aussi Ă©tĂ© les plus grands laborieux. La premiĂšre particularitĂ© du gĂ©nie doit donc ĂȘtre l'originalitĂ©. Toutefois, il faut distinguer l'originalitĂ© gĂ©niale de l'originalitĂ© absurde. L'absurde, comme originalitĂ© pure, est stĂ©rile, tandis que le gĂ©nie est originaire. Le gĂ©nie peut donner des modĂšles, il est donc Ă l'origine d'une Ă©cole Ă laquelle il transmet sa maniĂšre, c'est-Ă -dire l'ensemble des procĂ©dĂ©s et des rĂšgles de son art. La rĂšgle doit ici ĂȘtre tirĂ©e par abstraction du fait, c'est-Ă -dire du produit. Question N'est-ce pas lĂ nier l'absence de rĂšgles prĂ©existant Ă la crĂ©ation artistique ? Pour rĂ©pondre Ă cette objection, Kant oppose la production d'Ă©cole Ă celle du gĂ©nie. L'imitation d'Ă©cole en reste en effet au procĂ©dĂ©. Elle ne peut retrouver l'intention crĂ©atrice qui justifie l'adoption du procĂ©dĂ©. Ex. les Ă©lĂšves de Vinci ont maĂźtrisĂ© le clair-obscur, la gradation insensible de la lumiĂšre la plus claire Ă l'ombre la plus Ă©paisse, qui Ă©voque le modelĂ© des formes sans jamais les cerner d'un contour linĂ©aire. Il n'en reste pas moins que l'artiste, mĂȘme gĂ©nial, trouve la principale source de son inspiration Ă l'Ă©cole d'autres maĂźtres. Mais l'imitation gĂ©niale donne un sens nouveau Ă des procĂ©dĂ©s hĂ©ritĂ©s. Ex. Le Caravage et Georges de Latour. Cet exemple montre comment le gĂ©nie peut ĂȘtre original, tout en s'inspirant d'un maĂźtre la maĂźtrise consiste en effet en ceci, qu'elle propose un exemple "auquel d'autres peuvent Ă©prouver leur propre talent, en l'utilisant comme modĂšle, non d'une imitation, mais d'une inspiration ". -> l'imitation est diffĂ©rente de l'inspiration. Analyser aussi Velasquez-Picasso avec Les MĂ©nines 1656 pour le tableau original de Velasquez, et les 44 "essais" de Picasso, dont 1957 pour celui prĂ©sentĂ© ici. La musique fournit elle aussi des exemples infinis d'artistes qui, dans le meilleur des cas s'inspirent de leurs prĂ©decesseurs pour crĂ©er une oeuvre nouvelle, et dans le pire ne font que reprendre ce qui a dĂ©jĂ Ă©tĂ© fait cf. la mode des reprises qui ne sont la plupart du temps qu'une pĂąle copie de l'original. Exemples de reprises sans intĂ©rĂȘt Behind blue eyes, des Who repris par Limp Bizkit, I want you back des Jackson Five repris par Cleopatra. Ici, il est presque difficile de distinguer la reprise de l'originale. Le rap, par son usage de ce que l'on appelle les samples constitue ici un excellent sujet d'analyse. Il s'agit en effet d'une reprise entiĂšrement assumĂ©e d'Ă©lĂ©ments artistiques antĂ©rieurs. Cependant, on peut distinguer diffĂ©rentes formes d'utilisation de ces "samples". L'une qui relĂšve de la pure imitation, l'autre de l'inspiration gĂ©niale. 1er exemple la reprise d'un sample d'Aznavour par le rappeur Dr DRE avec un exemple de reprise de ce mĂȘme sample par Blu Cantrell sur Breathe. Ici, on voit que Dr DRE s'est contentĂ© de reprendre fidĂšlement l'extrait de la chanson d'Aznavour, en en changeant seulement le tempo et en abaissant la ligne mĂ©lodique de 4 tons. Certes, ce qui est ensuite créé autour du sample est complĂštement original, mais on ne peut pas dire qu'il y a vĂ©ritable transformation. La reprise de Sean Paul montre quant Ă elle un manque total de travail sur l'Ă©lĂ©ment empruntĂ©. Si on excepte un lĂ©ger changement de tempo, le sample est repris tel quel voilĂ donc un exemple d'imitation pure et simple. Gloria Jones, Tainted love 1964, reprise par Soft Cell 1981, ou Roberta Flack, Killing me softly 1973, reprise par les Fugees 1996 Bob Dylan, Knockin' on heaven's door 1973, repris par les Guns & Roses 1991, puis Gabrielle, Rise 2000. The Beatles, With a little help from my friends 1967, reprise par Joe Cocker 1968. Keny Arkana qui reprend le thĂšme d'Asturias d'Albeniz, dans J'viens d' l'incendie 2006 Nirvana, Smells like teen spirit 1991, repris notamment, de façon trĂšs diffĂ©rente par Tori Amos en 1992 et Paul Anka en 2005. Claude François qui reprend Cette annĂ©e lĂ , reprix ensuite par Yannick Ces soirĂ©es lĂ . Exemple Plagiat puis reprise le monde est stone. Serge Lama Chez moi 1974, puis Fabienne Thibaut Le monde est stone 1978 puis The world is stone de Cindy Lauper 1992 Un exemple de mix quand deux morceaux sont mixĂ©s l'un dans l'autre Destiny's child independant woman part I par 2 many DJ's, qui est un mix de Independant woman Part I des Destiny's Child et de Dreadlock holiday de 10 CC. Plein d'autres exemples ici En d'autres termes, le gĂ©nie est imitĂ© par ses Ă©lĂšves mais inspire d'autres gĂ©nies. B. Le beau est-il subjectif ? Expressions "Tous les goĂ»ts sont dans la nature", "Des goĂ»ts et des couleurs on ne discute pas". Le goĂ»t apparaĂźt comme le vrai juge du beau, aussi bien dans la crĂ©ation que dans la contemplation esthĂ©tiques, dont le "jugement de goĂ»t" constitue l'unitĂ©. Le goĂ»t commence quand on peut distinguer le plaisir esthĂ©tique causĂ© par le beau d'un simple plaisir sensuel. Le goĂ»t n'est pas affaire de sensualitĂ© ou de sensiblerie, mais de jugement, et il ne faut donc pas appeler "beau" ce qui simplement plaĂźt, car selon Kant, il y a dans le jugement esthĂ©tique autre chose que la simple approbation de la sensibilitĂ©. Le plaisir des sens est en effet liĂ© Ă la constitution personnelle de chacun, et ne vaut donc que pour lui "Au regard de l'agrĂ©able, chacun se rĂ©signe Ă son jugement, qu'il fonde sur un sentiment personnel, et par lequel il dit d'un objet qu'il lui plaĂźt, soit limitĂ© Ă sa seule personne ". En revanche, il y a dans le jugement de goĂ»t une prĂ©tention Ă la validitĂ© universelle, qui fait qu'on n'y juge pas seulement pour soi, mais pour quiconque. AgrĂ©able Beau Il est l'objet d'apprĂ©ciations variables selon les individus, chacun Ă©tant seul juge de son propre plaisir -> relativitĂ© Il doit valoir pour chacun et pas seulement pour soi -> universalitĂ© Il faut donc rechercher l'Ă©lĂ©ment d'universalitĂ© qui, dans le jugement esthĂ©tique, s'Ă©lĂšve au-dessus de la particularitĂ© de la jouissance sensible. Le problĂšme qui se pose ici est que les jugements de goĂ»t, valables universellement, n'en sont pas moins des jugements particuliers. Ils portent en effet sur des objets rigoureusement individualisĂ©s. Le jugement de goĂ»t est un jugement esthĂ©tique au sens plein du terme, c'est-Ă -dire un jugement qui s'opĂšre au niveau du sensible. Nous sentons en effet la beautĂ©, sans pouvoir la dĂ©finir par concepts, parce qu'un concept a toujours une signification gĂ©nĂ©rale, alors que la beautĂ© est toujours celle d'une chose sensible particuliĂšre. Il faut donc dire selon Kant, que "le beau plaĂźt universellement sans concept ". Kant est donc amenĂ© Ă distinguer les jugements scientifiques et les jugements esthĂ©tiques Jugements dĂ©terminants Jugements rĂ©flĂ©chissants Ils rĂ©sultent d'une dĂ©monstration, qui part d'une vĂ©ritĂ© gĂ©nĂ©rale principe ou loi et montrent comment le particulier s'y rattache nĂ©cessairement GĂ©nĂ©ral -> Particulier Ils prĂ©tendent Ă l'universalitĂ© Ă partir d'une donnĂ©e sensible particuliĂšre mais n'en peuvent donner aucune dĂ©monstration ou justification Particulier -> GĂ©nĂ©ral Le jugement de goĂ»t, par sa prĂ©tention Ă l'universalitĂ©, se rend donc indĂ©pendant de la particularitĂ© individuelle du sentiment. Mais la jouissance esthĂ©tique ne se soucie pas non plus de l'existence rĂ©elle de l'objet. Le jugement esthĂ©tique doit s'affranchir des intĂ©rĂȘts de la moralitĂ© ou des appĂ©tits "Quand on me demande si je trouve beau le palais que je vois devant moi, je peux bien dire que je n'aime pas ces sortes de choses, qui ne sont faites que pour les badauds ; ou, comme ce sachem iroquois, qu'il n'aimait rien tant Ă Paris que les rĂŽtissoires ; et je puis par-dessus le marchĂ©, en bon rousseauiste, gronder contre la vanitĂ© des grands, qui dĂ©tournent la sueur du peuple Ă des usages aussi superflus - on peut bien m'accorder tout cela et l'approuver, mais la question n'est pas lĂ . On veut seulement savoir si cette simple reprĂ©sentation de l'objet s'accompagne en moi d'un plaisir, si indiffĂ©rent que je puisse ĂȘtre par ailleurs en ce qui concerne l'existence de l'objet de cette reprĂ©sentation ". -> le goĂ»t se dĂ©finit donc par une entiĂšre libertĂ© de jugement. Le beau est indĂ©pendant du bien et procure un plaisir dĂ©sintĂ©ressĂ©, ce qui signifie que l'art n'a de finalitĂ© ni utilitaire ni morale. La beautĂ© est seulement belle, elle n'est ni bonne Ă quelque chose, ni bonne comme fin elle-mĂȘme. ProblĂšme d'aprĂšs ce point de vue, la crĂ©ation artistique correspondrait au paradoxe d'une activitĂ© sans finalitĂ© dĂ©finissable. Il y a paradoxe puisqu'il s'agit d'une action volontaire, et que l'activitĂ© volontaire est celle oĂč m'on se dĂ©termine Ă agir "d'aprĂšs la reprĂ©sentation d'une fin". Il y a mĂȘme contradiction, puisque l'art comporte la possession par l'artiste des moyens de la crĂ©ation. L'art apparaĂźt donc comme une activitĂ© intentionnelle, oĂč les moyens sont agencĂ©s d'aprĂšs la reprĂ©sentation d'un rĂ©sultat Ă obtenir, et non mis en Ćuvre au hasard et inconsciemment "on doit donc y penser quelque chose comme une fin, sinon le produit ne pourrait ĂȘtre attribuĂ© Ă aucun art ce serait un simple produit du hasard ". Selon Kant, la fin de l'Ćuvre d'art est intĂ©rieure, Ă savoir sa perfection. Est parfaite en son genre toute chose qui convient exactement Ă sa propre idĂ©e. Ainsi, la beautĂ© de l'Ćuvre d'art doit ĂȘtre conçue comme le produit de la mise en Ćuvre de certains moyens d'aprĂšs leur convenance au rĂ©sultat final. Or, comme nous l'avons montrĂ© plus haut, aucun concept ne peut dĂ©finir ce que doit ĂȘtre l'Ćuvre d'art pour ĂȘtre belle. La beautĂ© ne peut donc ĂȘtre expliquĂ©e qu'en termes contradictoires. Kant la dĂ©finit comme "conformitĂ© Ă une fin, sans fin ". Elle ne peut apparaĂźtre en effet comme le rĂ©sultat d'un art de la nature ou de l'homme sans qu'il soit possible de dĂ©finir par concepts la fin qu'un tel art peut se proposer. La thĂ©orie kantienne renferme en elle-mĂȘme nombre de contradictions, dont Kant a conscience et auxquelles il s'efforce de trouver des solutions pertinentes. Cependant, la plus grande faiblesse de cette thĂ©orie se trouve sans doute dans l'assimilation qu'elle fait du beau et de la crĂ©ation artistique. Or, l'art contemporain n'a t-il pas complĂštement remis en cause l'idĂ©e que l'art aurait pour finalitĂ© le beau ? III. L'art contemporain et ses remises en cause Dans la civilisation artisanale, le souci esthĂ©tique n'est pas au cĆur de toute crĂ©ation artistique. Ainsi, l'art religieux tel qu'il se manifeste dans les Cantates de Bach ou les "Madones" de RaphaĂ«l n'a pas pour but premier de satisfaire le goĂ»t esthĂ©tique de l'auditeur ou de l'observateur. Bien plus, il a pour fin de "transcender" la foi du croyant, d'exprimer si cela est possible le sacrĂ© ici-bas. Certes, cette expression passe par une recherche esthĂ©tique, la beautĂ© de l'Ćuvre symbolisant le caractĂšre divin du contenu, mais elle n'est pas une finalitĂ© en soi. Ce n'est qu'avec la naissance des thĂ©ories de "l'art pour l'art" que l'Ćuvre d'art trouve sa finalitĂ© dans la recherche esthĂ©tique, et c'est pourquoi l'esthĂ©tique kantienne peut mettre l'idĂ©e de beau au cĆur de sa rĂ©flexion. Cependant, celle-ci n'Ă©choue t-elle pas Ă expliquer l'art moderne, qui semble marquer une prĂ©dilection pour l'horrible et le laid. A. Beau naturel et beau artistique L'esthĂ©tique kantienne rĂ©flĂ©chit sur le beau en gĂ©nĂ©ral, le beau artistique Ă©tant pensĂ© sur le modĂšle du beau naturel. Ce parti pris l'empĂȘche ainsi de penser la spĂ©cificitĂ© du beau artistique. Plus encore, n'est-ce pas se mĂ©prendre sur l'ordre existant ? N'est-ce pas au contraire le beau dans l'art qui nous permet de percevoir la beautĂ© naturelle ? Pour Oscar Wilde, c'est la nature elle-mĂȘme qui imite l'art. Il n'y a selon lui de beau dans la nature que parce que l'art nous a appris Ă voir le beau. L'art nous apprend Ă voir. Notre vision de la nature est en effet prĂ©dĂ©terminĂ©e par une reprĂ©sentation culturelle, voire acadĂ©mique ou conventionnelle des choses. Une "belle" femme plantureuse n'est pas seulement plaisante, attirante aux yeux de certains, elle est un "Renoir" incarnĂ©. En d'autres termes, il n'y a plus de norme du beau extĂ©rieure Ă l'art comme chez Kant une norme naturelle, mais l'art devient autonome ; c'est lui qui dĂ©cide en fait du beau et du laid. -> texte d'Oscar Wilde, "Le dĂ©clin du mensonge", Intentions, 1928, trad. H. Juin, Ăd. UGE, coll. 10-18, 1986, p. 56-57. "Qu'est-ce donc que la Nature ? Elle n'est pas la MĂšre qui nous enfanta. Elle est notre crĂ©ation. C'est dans notre cerveau qu'elle s'Ă©veille Ă la vie. Les choses sont parce que nous les voyons, et ce que nous voyons, et comment nous les voyons, dĂ©pend des arts qui nous ont influencĂ©s. Regarder une chose et la voir sont deux actes trĂšs diffĂ©rents. On ne voit quelque chose que si l'on en voit la beautĂ©. Alors, et alors seulement, elle vient Ă l'existence. Ă prĂ©sent, les gens voient des brouillards, non parce qu'il y en a, mais parce que des poĂštes et des peintres leur ont enseignĂ© la mystĂ©rieuse beautĂ© de ces effets. Des brouillards ont pu exister pendant des siĂšcles Ă Londres. J'ose mĂȘme dire qu'il y en eut. Mais personne ne les a vus et, ainsi, nous ne savons rien d'eux. Ils n'existĂšrent qu'au jour oĂč l'art les inventa. Maintenant, il faut l'avouer, nous en avons Ă l'excĂšs. Ils sont devenus le pur maniĂ©risme d'une clique, et le rĂ©alisme exagĂ©rĂ© de leur mĂ©thode donne la bronchite aux gens stupides. LĂ oĂč l'homme cultivĂ© saisit un effet, l'homme d'esprit inculte attrape un rhume. Soyons donc humains et prions l'Art de tourner ailleurs ses admirables yeux. Il l'a dĂ©jĂ fait, du reste. Cette blanche et frissonnante lumiĂšre que l'on voit maintenant en France, avec ses Ă©tranges granulations mauves et ses mouvantes ombres violettes, est sa derniĂšre fantaisie et la Nature, en somme, la produit d'admirable façon. LĂ oĂč elle nous donnait des Corot ou des Daubigny, elle nous donne maintenant des Monet exquis et des Pissarro enchanteurs. En vĂ©ritĂ©, il y a des moyens, rares il est vrai, mais qu'on peut cependant observer de temps Ă autre, oĂč la Nature devient absolument moderne. Il ne faut pas Ă©videmment s'y fier toujours. Le fait est qu'elle se trouve dans une malheureuse position. L'Art crĂ©e un effet incomparable et unique et puis il passe Ă autre chose. La Nature, elle, oubliant que l'imitation peut devenir la forme la plus sincĂšre de l'inculte, se met Ă rĂ©pĂ©ter cet effet jusqu'Ă ce que nous en devenions absolument las. Il n'est personne, aujourd'hui, de vraiment cultivĂ©, pour parler de la beautĂ© d'un coucher de soleil. Les couchers de soleil sont tout Ă fait passĂ©s de mode. Ils appartiennent au temps oĂč Turner Ă©tait le dernier mot de l'art. Les admirer est un signe marquant de provincialisme". Oscar Wilde, "Le dĂ©clin du mensonge", Intentions, 1928, trad. H. Juin, Ăd. UGE, coll. 10-18, 1986, p. 56-57. De mĂȘme pour Proust Cf. Le cĂŽtĂ© de Guermantes, tome II de la PlĂ©iade, p. 623, c'est l'art qui crĂ©e la perception du beau dans la nature. Le vrai artiste nous prĂ©sente d'abord une sensation dĂ©sagrĂ©able parce qu'il y a une rupture dans la façon de percevoir les choses c'est pour cela que l'art est novateur. La perception qu'a créée l'artiste ne devient belle qu'au bout d'un certain temps ; c'est elle qu 'on fait alors passer pour le beau naturel. Il faut alors interroger non plus seulement le beau en art, mais aussi le laid. Le caractĂšre dĂ©sagrĂ©able de l'Ćuvre peut ĂȘtre une fin pour l'art Cf. Pollock et le "dripping". L'art peut se passer du beau ; ce qui compte ce n'est pas la beautĂ© de l'Ćuvre mais l'idĂ©e qu'elle exprime. La conceptualisation prend alors le pas sur l'expression de la simple beautĂ©, Ă©cartant celle-ci comme elle Ă©carte l'idĂ©e d'un art qui ne serait qu'imitation. B. Art et imitation a. L'imitation de la nature L'idĂ©e que l'art Ă©tait imitation de la nature a, en Europe, fait longtemps l'objet d'une Ă©vidence, avant d'ĂȘtre remise en cause par la modernitĂ© Cf. Aristote Physique, 199 a 16-17 ; PoĂ©tique, chap. IV Si le but de l'art n'Ă©tait que d'imiter conception rĂ©aliste de l'art, alors la critique de formulĂ©e par Platon dans la RĂ©publique serait fondĂ©e le peintre et le poĂšte ne sont que des illusionnistes, et leur "art" ne sert qu'Ă tromper en ce qu'il dĂ©tourne de la rĂ©alitĂ© et du savoir. Mais chacun admettra aujourd'hui qu'imiter n'est pas le but de l'art ne serait-ce que parce que, lorsqu'il se borne Ă la reproduction, l'art ne peut rivaliser avec la nature. ProblĂšme dire que l'art doit imiter la nature peut se justifier pour la peinture ou la sculpture, mais beaucoup moins pour la musique. Pour un exemple comme le vol du bourdon de Rimsky-Korsakov, la quasi totalitĂ© des oeuvres musicales ne renvoient pas Ă la rĂ©alitĂ©. Prenons l'exemple de la symphonie n°6 de Beethoven, dite Symphonie pastorale. Elle tranche avec les autres symphonies du compositeur, en ce que c'est sa seule symphonie Ă programme alors que la trĂšs grande majoritĂ© des Ćuvres de Beethoven relĂšvent de la musique pure, cette symphonie est Ă©crite en rĂ©fĂ©rence explicite Ă des phĂ©nomĂšnes du monde rĂ©el, et Ă©voque en l'occurrence le thĂšme de l'expĂ©rience de la nature d'oĂč son nom de pastorale ». Mais combien d'auditeurs identifieront immĂ©diatement l'Ă©vocation de la nature en Ă©coutant cette symphonie ? Pour Hegel, l'art trop ressemblant devient hideux, comme peuvent l'ĂȘtre certains portraits par trop rĂ©alistes Cf. aussi l'art "pompier". L'objet de l'art n'est donc pas d'imiter ou de copier la nature, mais au contraire de la dĂ©passer. Ainsi, ce qui est Ă©phĂ©mĂšre dans la nature est Ă©ternisĂ© par l'art. -> les cathĂ©drales de Rouen de Monet CathĂ©drale de Rouen photographie De plus, l'art idĂ©alise le rĂ©el, il le spiritualise Hegel prend pour exemple la peinture en deux dimensions. Il y a donc une Ă©volution fatale vers le conceptuel puisque l'art n'est pas par essence reproduction de la nature mais incarnation, sensibilisation du spirituel. b. L'imitation de l'Ćuvre d'art. Pour Walter Benjamin L'Ćuvre d'art Ă l'Ă©poque de sa reproductibilitĂ© technique, l'Ćuvre d'art a toujours Ă©tĂ© dĂ©finie comme Ćuvre singuliĂšre ; c'est ce qu'il appelle l' "aura" de l'Ćuvre d'art. Ă l'inverse, le propre de la technique est la reproductibilitĂ©. Or, l'Ćuvre d'art est touchĂ©e par l'Ă©volution technique, dans des formes modernes de l'art comme le cinĂ©ma ou les musiques Ă©lectroniques. L'Ćuvre est alors rendue reproductible, ce qui lui fait perdre son "aura" et crĂ©e une crise relativement Ă sa dĂ©finition. C. Art et conceptualisation Comme l'a montrĂ© l'Ă©mergence de l'art non figuratif, l'art contemporain ne peut plus ĂȘtre pensĂ© comme simple imitation. L'Ćuvre d'art contemporaine est insĂ©parable chez l'artiste d'une rĂ©flexion sur son propre travail. L'art est rĂ©flĂ©chi, comme si le jugement dĂ©terminant prĂ©cĂ©dait l'Ćuvre faisant disparaĂźtre le jugement rĂ©flĂ©chissant. La question du spĂ©cialiste devient alors essentielle, car on ne peut comprendre une Ćuvre que si l'on sait pourquoi elle a Ă©tĂ© créée. Ainsi, chez Duchamp, c'est parce que l'objet est sorti de son contexte utilitaire qu'il se transforme en Ćuvre d'art. Ce n'est plus dĂšs lors l'Ćuvre d'art qui fait l'artiste, mais l'artiste qui fait l'Ćuvre d'art. Ă l'affirmation "ce n'est pas de l'art", Duchamp rĂ©pondait en effet "c'est de l'art puisque c'est lĂ l'Ćuvre d'un artiste". On ne peut donc Ă©luder la question d'une dĂ©rive de l'art au XXe siĂšcle, de mĂȘme qu'on ne peut ignorer l'existence d'un nouveau moteur Ă la crĂ©ation artistique cette sorte d'exigence de nouveautĂ© qui fait rechercher plutĂŽt l'originalitĂ© du concept que sa vĂ©ritable pertinence. Duchamp signe son Urinoir "R. Mutt", c'est-Ă -dire Mutter en allemand, qui signifie mĂšre. Une interprĂ©tation possible est qu'il s'agiraitt en fait d'une rĂ©fĂ©rence Ă la figure de la Vierge Marie, la "Madone" la mĂšre en italien, que la forme de l'urinoir Ă©voque. Une autre explication suggĂšre que ce nom dĂ©coule de l'expression allemande armut qui signifie la pauvretĂ©. On notera aussi qu'on peut dĂ©composer "R. Mutt" en "R M u-t-t" qui donne "Ready-made eut Ă©tĂ©". Enfin, une autre interprĂ©tation veut qu'on comprenne "R. Mutt" comme "art mute" en anglais ; autrement dit, Duchamp, par cette signature, aurait signifiĂ© la mutation de l'art qu'il Ă©tait en train d'opĂ©rer. -> texte d'Arthur Danto, "Le Monde de l'art", in Philosophie analytique et esthĂ©tique, 1998, MĂ©ridiens-Klincksiek, p. 195. "Monsieur Andy Warhol, l'artiste Pop, expose des fac-similĂ©s de boĂźtes de Brillo, entassĂ©es les unes sur les autres, en piles bien ordonnĂ©es, comme dans l'entrepĂŽt d'un supermarchĂ©. [âŠ] En dehors de la galerie, ce sont des boĂźtes en carton. [âŠ] Mais alors, si nous pensons Ă fond cette affaire, nous dĂ©couvrons que l'artiste a Ă©chouĂ©, rĂ©ellement et nĂ©cessairement, Ă produire un simple objet rĂ©el. Il a produit une Ćuvre d'art, son utilisation des boĂźtes de Brillo rĂ©elles n'Ă©tant qu'une extension des ressources dont disposent les artistes, un apport aux matĂ©riaux de l'artiste, comme le fut la peinture Ă l'huile ou la touche. Ce qui finalement fait la diffĂ©rence entre une boĂźte de Brillo et une Ćuvre d'art qui consiste en une boĂźte de Brillo, c'est une certaine thĂ©orie de l'art. C'est la thĂ©orie qui la fait entrer dans le monde de l'art, et l'empĂȘche de se rĂ©duire Ă n'ĂȘtre que l'objet rĂ©el qu'elle est en un sens autre de est » que celui de l'identification artistique. Bien sĂ»r, sans la thĂ©orie, on ne la verrait probablement pas comme art, et afin de la voir comme faisant partie du monde de l'art, on doit avoir maĂźtrisĂ© une bonne partie de la thĂ©orie artistique aussi bien qu'une part considĂ©rable de l'histoire de la peinture rĂ©cente Ă New York. Ce n'aurait pas pu ĂȘtre de l'art il y a cinquante ans. De mĂȘme, il n'aurait pas pu y avoir, toutes choses restant Ă©gales, d'assurance d'avion au Moyen Ăge, ni d'effaceurs pour machines Ă Ă©crire Ă©trusques. Le monde doit ĂȘtre prĂȘt pour certaines choses, pas moins le monde de l'art que le monde rĂ©el. C'est le rĂŽle des thĂ©ories artistiques, de nos jours comme toujours, de rendre le monde de l'art, et l'art, possibles. Je serais enclin Ă penser qu'il ne serait jamais venu Ă l'idĂ©e des peintres de Lascaux qu'ils Ă©taient en train de produire de l'art sur ces murs. Ă moins qu'il n' y ait eu des esthĂ©ticiens nĂ©olithiques". Arthur Danto, "Le Monde de l'art", in Philosophie analytique et esthĂ©tique, 1998, MĂ©ridiens-Klincksiek, p. 195. Andy Warhol, BoĂźtes de Brillo, 1964 Conclusion Retour au programme des sĂ©ries gĂ©nĂ©rales Date de crĂ©ation 13/03/2011 1433 DerniĂšre modification 24/02/2017 0955 CatĂ©gorie Page lue 18845 fois Imprimer l'article
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